• François Colonna, l'ouverture à la « vicolaise »

    Article paru sur le magazine " CORSICA" de ce mois-ci... 

     

    Chef d'entreprise, « accro au travail », le maire de Vico et nouveau conseiller général des Deux-Sorru est un élu libéral et pragmatique. Pour lui, seules comptent la valeur des hommes et l'efficacité.

    Un maire en scooter, c'est assez rare. Surtout en Corse. Pour le coup, celui-ci est aussi président de la Commission du développement rural et des affaires européennes du Conseil général de la Corse-du-Sud ! De quoi étonner son petit monde. Soit. Mais les habitants de Vico, eux, ne sont plus vraiment surpris par ce notable atypique qu'ils ont réélu en 2008 avec 72 % des voix. Qui se veut et se montre résolument pragmatique. « J'ai fait un plan de circulation car la traversée du village devenait infernale, je m'y adapte moi aussi, le scooter c'est plus pratique, je perds moins de temps. » C'est que nous avons affaire à un boulimique de travail, du genre à ne jamais connaître l'ennui. Avec toujours une idée en tête, qu'il cherchera forcément à mettre en forme. À 58 ans, pourtant, François Colonnapourrait prendre le temps de souffler. Avec derrière lui une vie déjà bien remplie. Et une belle réussite professionnelle - à propos de laquelle il se veut discret mais qu'il faut bien considérer - dans le monde de l'assurance et de l'immobilier (la Secic c'est lui !).

     Né à Vico, élevé à Marseille, diplômé à Sciences-Po Aix-en-Provence, FrançoisColonna « rentre » en Corse en 1976. Sans la moindre idée de ce qu'il veut faire. Suivent des petits boulots pour vivre. « J'ai même monté des meubles de bureau ». Et il rachète, l'année suivante, par hasard, un cabinet d'assurance (« La Paternelle »). Lui dit « au culot ». En tout cas grâce à la confiance du vendeur et de son banquier. Depuis, comme il dit, « il n'arrête pas de travailler ! » Il dit aussi, avec beaucoup de conviction : « Je suis quelqu'un de positif, un libéral convaincu des bienfaits du travail et de ses résultats. J'ai une approche entrepreneuriale des problèmes, on trouve toujours une solution, je peux passer des jours à chercher la faille, le blocage. En politique aussi, je dis toujours à mes collègues : Arrêtons de parler, soyons concrets, faisons ce pour quoi nous avons été élus ! » En politique, justement, sa liberté d'esprit et son franc-parler lui donnent une position sinon privilégiée au moins un peu à part. Du reste, bien que n'ayant pas de carte à l'UMP, il est devenu une pièce majeure du Conseil général de Corse-du-Sud. On vient même le consulter pour la composition de la liste de droite à la prochaine territoriale. 

    En politique, François Colonna y est entré aussi « un peu » par hasard. Mais surtout pour être utile à Vico. Conseiller municipal mais « agacé » par les problèmes de personnes et l'immobilisme qui en résulte, il se présente, en 2001, contre le maire sortant, Dominique Colonna, en place depuis 32 ans. Sa liste, passablement rajeunie, est composée de Vicolais de droite, de gauche et nationalistes. Une liste d'« ouverture », dirait-on aujourd'hui. François Colonnal'emporte. Depuis, il se bat pour sa commune de Vico-Sagone afin d'y créer de l'activité et des emplois. Construction d'écoles, implantation d'entreprises, maison de retraite, projet d'aménagement d'un port de plaisance, centre d'enfouissement technique des déchets, services d'aide à la personne, recherche de partenariats public/privé, etc. « Il faut inverser la tendance du déclin en milieu rural, redonner de l'attractivité, donner aux gens l'envie et les moyens de s'installer. J'ai favorisé, par exemple, l'installation d'un luthier de renommée internationale, il est heureux comme tout. Ce village ne doit pas vivre que l'été. » 

    Les étés sont assez animés, ne serait-ce que par la présence de personnalités qui ne passent pas inaperçues, comme Jean et Pierre Sarkozy, en vacances chez leurs grands parents, ou bien Xavier Musca, le conseiller économique de l'Elysée, ou encore Marie Hélène Debart, la « madame Corse » du ministère de l'Intérieur, qui ont des attaches dans le Vicolais. Chic et choc. Toujours est-il que, depuis mars 2008, François Colonna, dont on aurait pu croire que son mandat de maire eût été de nature à le combler, siège aussi au Conseil général de Corse-du-Sud. « J'étais pour la suppression des conseils généraux, précise-t-il histoire, peut-être, de pimenter le débat. Mais je me suis aperçu de leur utilité, on y travaille au plus près du terrain avec des compétences indispensables pour le milieu rural : l'habitat, les transports, les routes, la précarité qui est une de mes grandes préoccupations. » Le conseiller général aimerait faire de son canton un « laboratoire de la Corse ». Mêmes principes : « Ma remplaçante est nationaliste, à la Chjama, très impliquée dans les problèmes agricoles, c'est une bosseuse avec une grande connaissance du terrain, nous sommes très complémentaires. » Même credo : « Il faut accepter le dialogue, y compris à la CTC, s'accorder sur un projet de société et des objectifs avec ceux qui peuvent apporter quelque chose. Je suis pour l'ouverture au niveau régional, avec les « modérés » bien sûr, il n'y a pas de compromis possible avec la violence. » De fait, il travaille en bonne entente avec Paul Jo Caitucoli, l'unique conseiller général nationaliste, qui est d'ailleurs le rapporteur de la Commission qu'il préside. « Nous avons des discussions franches, nous sommes là pour être concrets, passer d'une logique de projets à une logique de résultats. » Création dans chaque microrégion du transport à la demande, pris en charge par le Département ; pour les personnes isolées ou dépendantes des villages ; rénovation de l'établissement de Guagno-les-Bains, services à la personne, etc. Et, pour la première fois de son histoire, le Conseil général va être porteur d'un projet européen destiné à favoriser l'accessibilité des handicapés aux sites et aux établissements culturels : « Un projet commun avec la Sardaigne et la Toscane qui m'a permis d'apprécier avec quelle efficacité travaillaient les Italiens au plan européen. Nous avons des leçons à prendre ! »

    François Colonna s'emploie, discrètement, à titre privé, à faire oeuvre sociale. Notamment en tant que président d'un foyer de jeunes adultes handicapés et vice-président d'une maison de retraite ajaccienne, « Quand je peux aider, je m'implique. Et je ne suis pas seul, nous mettons nos capacités de gestion ou d'organisation au service des autres, c'est tout ». Le peu de temps qui lui reste, il le consacre à la famille et à son jardin potager de Vico. « Je suis un lève-tôt, tous les week-ends c'est un vrai plaisir de tout oublier dans mon jardin. J'ai toujours aimé la nature. » Il confie cependant aimer les voyages : « Je suis curieux de nature. » François Colonna a parcouru, avec son épouse Monique, le monde. « En Égypte, je me suis senti écrasé par l'Histoire, on arrive avec des images plein la tête et la réalité est grandiose. J'ai beaucoup aimé l'Asie et sa condition humaine, moins la Chine dont le gigantisme a quelque chose d'effrayant. » 
    Plus effrayant, à l'évidence, que les embouteillages ajacciens qu'il sait éviter, avec son scooter, pour se rendre sans retard au Conseil général.

    Paul Antonietti

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  • Commentaires

    1
    OTTAVI
    Dimanche 7 Octobre 2012 à 21:38
    electricité à muna
    plus de syndicat d'électrification dans les deux sorra ? alors à quand l'elec à muna il faut lutter contre la désertication des villages corse paix et santé
    2
    OTTAVI
    Dimanche 7 Octobre 2012 à 21:38
    electricité à muna
    plus de syndicat d'électrification dans les deux sorra ? alors à quand l'elec à muna il faut lutter contre la désertication des villages corse paix et santé
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